La suite de la journée se déroule entre la surveillance des enfants déjà présents et celle des nouveaux arrivants.
La distance entre la pédiatrie, le laboratoire et la pharmacie ainsi que la rupture de matériel demande une adaptation continue des soignants et rendent la surveillance et la prise en charge première des enfants précaires. L’équipe est endurante et les commandes remontent à la direction.
Le pédiatre retourné à son bureau, enchaine les consultations. Plus ou moins nombreuses selon les jours, elles amènent à plus ou moins d’hospitalisations. Ces dernières sont toujours urgentes car le risque vital de l’enfant est, dans la quasi-totalité des cas, engagé.
Des décès surviennent : une anémie sévère avec des difficultés respiratoires qui n’attend pas la transfusion sanguine, une infection materno-fœtale prise en charge à J.1 ou J.2 de vie après un accouchement à domicile, trop massive pour être maitrisée.
« Mariama, l’infirmière en charge me dit « Elle était contente quand même, malgré qu’elle ait perdu son enfant. »Cette phrase me retourne le cœur, et pourtant: « Oui, elle nous a remercié d’avoir fait tout ce qu’on a pu pour aider son enfant. » »
Les familles sont très présentes auprès de leur enfant. Elles échangent entre elles. Il arrive parfois de les retrouver dehors, devant le service, à partager un repas, l’enfant dans le dos de la mère.
« Plusieurs rencontres, plusieurs discussions avec les collègues m’ont fait prendre conscience, réfléchir sur les conditions de vie et de prise de décisions des familles face à la maladie. La sécurité alimentaire de la famille et les revenus sont primaires. Les moyens nécessaires pour se déplacer vers une structure sanitaire et pour subvenir aux soins payants sont rares, de derniers recours. »
Infirmière puéricultrice en néonatalogie à Port Royal, hôpital Cochin pendant 7 ans, Charlotte termine sa journée sur une note positive :
« J’ai été amené à conseiller, soigner et prendre soins de jumeaux nés de petits poids de naissance : 1 kilo 500 et 1 kilo 900 ! Proposer et expliquer aux parents face aux soignant.es, le peau à peau, les techniques d’alimentation, d’enveloppement, a eu un impact sur leur manière de prendre en charge les ‘petits bébés’. Une unité de Soins Maternels Kangourou (SMK) a été mise en place un mois après par une ONG partenaire. Deux lits consacrés à cette unité, un service équipé en matériels et formé par deux professionnelles. C’est une base importante, un atout pour l’Hôpital où une unité propre de néonatalogie est absente, confondue entre la maternité et la pédiatrie. »