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Boubacar Sanso BARRY, guéri de la COVID 19, témoigne

Boubacar Sanso BARRY est le rédacteur en chef et le créateur du site guinéen d’informations en ligne ledjely.com. Ayant été atteint de la COVID 19 en avril dernier, il a témoigné ce matin, jeudi 4 juin 2020, dans l’émission interactive radiophonique organisée par l’OPALS à la radio rurale de Télimélé. Nous en avons profité pour lui poser quelques questions.

QU’EST-CE QUI VOUS A POUSSÉ À ALLER VOUS FAIRE TESTER ? 
D’abord, il faut dire qu’une semaine avant, j’ai ressenti une grippe qui n’avait rien de méchant : elle ne m’empêchait pas de travailler et de me livrer à mes activités ordinaires. Dans un premier temps, je n’ai pas voulu y accorder de l’importance. Mais c’est quand des confrères à moi, avec lesquels j’avais quelques semaines plus tôt fait un débat dans une radio, ont été testés positifs, que je me suis résolu, moi aussi, à aller me soumettre au test. À la suite du test, que j’ai fait le 03 avril, il m’a été notifié par un agent de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSS) qui m’a joint au téléphone, que j’étais positif, le lundi 06 avril, soit 3 jours après.

OÙ AVEZ-VOUS ÉTÉ SOIGNÉ ?
J’ai été admis, le même jour, au centre de traitement épidémiologique délocalisé à Donka (Conakry) où j’ai suivi tous les soins jusqu’à ma sortie, le samedi 18 avril. Les médecins m’ont appelé tard la veille pour me notifier que mon second test avait révélé que j’étais redevenu négatif.

QUEL A ÉTÉ VOTRE PARCOURS DANS LE SYSTÈME DE SANTÉ ?
Deux à trois heures après mon admission, j’ai commencé à prendre de l’Hydroxychloroquine et de l’Azithromycine (protocole national). Par la suite, je n’ai souffert d’aucune complication supplémentaire. J’ai pu me nourrir convenablement et échanger avec les autres patients, mais aussi avec le monde extérieur (familles, amis et collaborateurs).
Dans un premier temps, il s’est posé un véritable problème d’hygiène dans nos cabines. Il est arrivé par exemple que ma salle ne soit pas nettoyée pendant 72 heures. On s’en était plaint d’ailleurs, ce qui avait quelque peu contribué à améliorer les choses. De même, pour ce qui est de la nourriture, ce sont nos familles qui nous apportaient à manger car le service offert sur place était d’une irrégularité telle que les horaires de prise des cachets de médicaments pouvaient être affectées.
Depuis, il semble que les choses se sont bien améliorées. Pour ce qui est du personnel médical avec lequel nous étions en contact, il était disponible et plutôt courtois avec nous. Nous avons juste eu l’impression que le personnel n’était pas suffisant. Il était évident qu’en termes de planification et peut-être de répartition des tâches, tout n’était pas au point.  

QUELLES ONT ÉTÉ LES RÉACTIONS DE VOTRE ENTOURAGE À L’ANNONCE DE LA MALADIE ?
Mon épouse et ma maman étaient très inquiètes juste après l’annonce. Mais après, elles ont pu être rassurées par le fait que je n’avais pas de symptôme particulier. Par ailleurs, puisque j’échangeais régulièrement avec la famille et les amis, je pense que leurs inquiétudes et appréhensions ont progressivement pu être dissipées.

QUELS CONSEILS POUVEZ-VOUS DONNER AUX PERSONNES TOUCHÉES PAR CETTE MALADIE ET À LEUR FAMILLE ?
D’abord, aux personnes elles-mêmes, de rester sereines et lucides. Le mental est de beaucoup dans la rémission. Ne surtout pas se laisser stresser et suivre les consignes des médecins traitants. Quant aux familles, qu’elles ne paniquent pas non plus. Qu’elles se soumettent elles-mêmes au test pour savoir le statut de chacun des membres. Pour le reste, continuer à prendre des nouvelles du patient et du mieux qu’ils peuvent de le rassurer en lui témoignant leur soutien.

QUEL(S) MESSAGE(S) AVEZ-VOUS SOUHAITÉ VÉHICULER CE MATIN LORS DE L’ÉMISSION ?
D’abord, que la maladie existe bel et bien. J’en suis la preuve vivante. Et que, par conséquence, les mesures de prévention édictées par les autorités doivent être prises très au sérieux. Que les gens acceptent notamment de porter les masques, de s’abstenir des regroupements et qu’ils se lavent régulièrement les mains. Enfin, quand ils ressentent les symptômes (fièvre, toux sèche, perte de goût et d’odorat, etc.) qu’ils en parlent à un médecin et éventuellement qu’ils aillent faire le test. Car il est toujours préférable de connaître son statut le plus tôt possible.

QUELS ONT ÉTÉ LES RETOURS DES AUDITEURS ?
Malheureusement, puisqu’on ne capte pas la radio à Conakry, il m’est difficile d’avoir le retour des auditeurs. Ceci étant, j’ai reçu deux appels d’amis qui ont pu suivre l’émission et selon lesquels les auditeurs ont plutôt apprécié les messages véhiculés.

POUR CONCLURE, QUEL REGARD PORTEZ-VOUS PERSONNELLEMENT SUR LA SITUATION ACTUELLE ?
À titre personnel, je reste préoccupé par la progression de la maladie. On ne réussit visiblement pas pour le moment à en rompre la chaine de contamination. Cela renvoie bien sûr en premier lieu à la responsabilité des autorités dont c’est la mission de définir et de mettre en œuvre la stratégie d’ensemble. Mais cela dépend aussi des citoyens que nous sommes. Notre refus ou notre réticence à observer les gestes barrières nous confère également une responsabilité non négligeable dans le fait que la maladie demeure toujours active dans le pays.  

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